Mur en pisé et enduit à la chaux... sur plus de 40 m !
Ecrit par Thierry Baruch on .
Après les présentations, le point théorique et les étirements, nous rentrons dans le vif du sujet.
Cependant, avant de décrire la suite de notre organisation, il me semble important d’expliquer synthétiquement la cause de la chute de ce beau mur en pisé.
Au cours des années, une couche de terre végétale très importante a été rajoutée du côté de chez Philippe. Cette couche était si importante qu'elle dépassait le niveau du soubassement. Les remontées capillaires ont donc saturées l'interface terre-soubassement pierre en humidité. L'érosion du pisé est dans ce cas inévitable. Le mur, à plus ou moins long terme, ne peut que tomber. C'est donc ce qui lui est arrivé. Voici le soubassement que nous avons remonté avec des pierres tout venant. Philippe a donc récupéré la terre du mur que nous avons remise à sa place lors de ce chantier.
Une aventure de 3 jours pendant laquelle nous avons reconstruit un mur en pisé avec sa propre terre et enduit le reste de ce mur mitoyen à la chaux sur une longueur d'environ 35 m.
Voici en images, comment nous nous sommes organisés :
Vendredi 26 juin
Afin de gagner un peu de temps. Philippe avait déjà installé le coffrage. Nous commençons la première journée à 18 grâce à Elodie qui a invité toute sa classe.
Le coffrage était posé mais non réglé. Un peu de fruit (le coffrage est légèrement penché) est souhaitable permet de rendre le mur plus solide
Un autre atelier est organisé. Enduire à la chaux le reste du mur de mitoyenneté. Une partie du mur est déjà relativement plan, un mortier de chaux sera donc appliqué.
Pour bien malaxer, notre mortier, nous avons la jolie bestiole Imer
Une partie de l'équipe pisé apporte la terre en vérifiant à la main et de visu le taux d'humidité.
L'autre partie de l'équipe pise la terre à l'intérieur du coffrage.
Pour construire un mur en pisé, le pisoir est un outil très important. Nous en avons testé plusieurs. Voici la masse qui a été abandonnée à cause de son manche trop court.
La dame du commerce a connu plus de succès mais elle s'est déchaussée à plusieurs reprises.
Le plus efficace a été l'étai avec une planche de bois. Une version améliorée consisterait à visser une grosse plaque en métal ou bien en chêne et de remplir le tiers du tube (partie de l'étai non trouée et non la partie se trouvant sur la photo) avec du sable.
En une bonne matinée, le mur en pisé (8 x 0,6 m) est presque terminé. Je dois freiner l'ardeur de l'équipe afin qu'il en reste un peu pour les stagiaires qui se sont inscrits les samedi et dimanche.
Il fait assez chaud, boire et humidifier le mur est vraiment nécessaire. Voici Philippe en plein action.
Elodie, Thierry, Florian et une autre partie de sa tribu commencent à enduire le mur.
De son côté, l'équipe pisé est en pleine action. Benjamin, mélange la terre.
Le niveau monte
Le soleil aussi et il est bientôt l'heure d'aller manger. L'équipe de l'intendance est composée d'un trio de choc : Jean-Pierre, Daniel et Nathalie. C'est prêt
Et les 2 équipes au complet font honneur à cette préparation.
La matinée a été longue, le repas copieux. L'après-midi sera court.Thierry se met à la bétonnière.
Et côté pisé, c'est presque terminé.
Samedi 27 juin
Nous ne sommes plus 18 mais près de dix. Il reste un peu de pisé à monter. Voici Maxime
Il ne reste plus beaucoup de terre à piser. Tout le monde a hâte de décoffrer.
Attention les banches vont bientôt dévoiler le pisé. Le suspens atteint le niveau maximal.
Comme il beau, notre pisé. A part, notre coffrage qui comprend des tiges filetées et nos pisoir. Nous avons utilisé la même technique avec le même matériau qu'il y a environ 2 siècles. La terre a retrouvé sa place. Elle a même pris un peu de hauteur ;-)
Et voici nos 8 m de mur en pisé avec une partie des auteurs. Si l'on fait attention aux arrêtes, nous pouvons constater que le pisé résiste dès le décoffrage à la pression.
Pour fêter cette matinée, Danielle et Jean-Pierre nous invitent à déguster leurs petits plats.
La pause est toujours la bienvenue.
Nous attaquons de nouveau par la protection de notre mur en pisé. Coffrage pour couler un béton de chaux.
Du côté du mur enduit à la chaux. Il a reçu une première passe. L'objectif est maintenant de faciliter l'écoulement de l'eau car la hauteur de soubassement est faible à cet endroit.
Pour cela, Après avoir câlé au laser nos tasseaux, nous augmentons l'importance de matériaux drainants avant de couler un béton de chaux qui sera lissé. Voici Philippe et ses tuiles cassées.
Et voici le béton de chaux, il reste un espace pour continuer avec du mortier.
Finalement, on prendra du béton de chaux un peu liquide. Maxime et Coralie à l'oeuvre.
Benjamin tente une barbotine à fresco. Bonne idée même s'il y aura un léger faïençage le lendemain qui partira à l'éponge.
Le résultat est plutôt sympathique
Revenons à notre mur en pisé. Le béton de chaux a été coulé. Malgré un choix réduit, Maxime arrive à trouver un critère esthétique. Il alterne un galet avec une pierre.
Un petit nettoyage s'impose avant de terminer cette deuxième journée.
Dimanche 28 juin
Nous décoffrons notre béton de chaux. Le mur est déjà en partie protégé. Il reste à poser les tuiles.
Par contre, il reste beaucoup de travail sur l'autre partie du mur à enduire. Cette partie est composée de terre et de mâchefer. J'avais demandé à Philippe qu'il passe un gobeti pour augmenter la cohésion et l'accroche. Ceci étant, la différence de niveau est si importante que l'on alternera l'application d'un béton et d'un mortier de chaux, selon les besoins
Pascal et Coralie d'un côté
Thomas et Elodie de l'autre côté.
Anne-Sophie est également très présente et n'oublie pas de ferrer notre dalle afin de faciliter le ruissellement de l'eau.
Et voilà plus de 30 m enduit (reste le tuilage à revoir)
Le tuilage du mur en pisé à commencer. Après plusieurs tentatives, une méthodologie est adoptée.
le chantier aura bien avancé mais il reste encore du boulot pour le super Philippe. Un pique-nique participatif est prévu dès la fin de ses travaux.Nous terminons par un grand nettoyage-rangement-bilan.
Encore un grand bravo à tous et à toutes.
Nous attendons impatiemment le timelaps de Thomas ;-)
